Dieu avec nous, Dieu l’un de nous, Dieu chez nous

Les prodigieuses années qui précédèrent la Nativité de Dieu ne furent pas vides de Dieu. Elles furent pénétrées de ses manifestations auprès de son peuple Israël, de la parole de ses prophètes, de ses actions de salut, des témoignages de sa création. « Les cieux racontent l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » (Ps 9). Mais Noël c’est la présence réelle de Dieu, et pas seulement sa trace, ses allusions.

Noël, c’est l’avènement de l’Emmanuel : Dieu avec nous, Dieu l’un de nous, Dieu chez nous, Dieu comme nous, le tout Autre devenu tout nôtre. Dieu à hauteur de visage.

Ce geste d’abaissement, de descente, de « kénose » est un geste d’amour gratuit, infini que Dieu accomplit pour que l’homme soit « divinisé ».

Comme le pape arrivant dans un pays étranger, embrasse la terre qu’il foule pour la première fois, Dieu baise la terre dans son incarnation ; cette terre qui portera l’empreinte de ses pas ; cette terre qui boira un jour son sang.

Elle est longue la liste des saints ou des croyants que ce geste de miséricorde retournera radicalement. Et qui ne se sont jamais remis de cette nuit bénie.

Parmi eux, il y a Thérèse de Lisieux. A bientôt 14 ans, au retour de la messe du minuit le 25 décembre 1886, elle écrira dans sa biographie : « Jésus, le doux petit enfant, en une heure, changea la nuit de mon âme en torrents de lumière ». Libérée de ses pleurnicheries dépressives, cette nuit commence la 3ème partie de sa vie, la plus belle de toutes, la plus « remplie de grâces du ciel ».

Il y a Paul Claudel. Le 25 décembre 1886, il se rend à l’office des vêpres à Notre-Dame de Paris. « La religion catholique me semblait toujours le même trésor d’anecdotes absurdes, ses prêtres et ses fidèles m’inspiraient la même aversion qui allait jusqu’à la haine et jusqu’au dégoût ». Mais ce soir-là, « mon cœur fût touché et je crus ».

Il y a saint Antoine Chevrier, la nuit de Noël, qui reçoit une illumination. Agenouillé devant la crèche, le jeune prêtre lyonnais entre alors dans le mystère de la pauvreté de Jésus. « Le mystère de l’Incarnation m’a converti ». L’abaissement du Très Haut qui vient comme s’abimer dans notre humanité le convainc intérieurement avec quelques compagnons, de fonder un institut dédié aux pauvres, le Prado.

Il y a encore Jean-Paul Sartre : quoique n’ayant pas la foi, il accéda aux vœux de ses compagnons d’infortune dans le stalag et, lui, l’athée affiché écrivit un conte de Noël et fit dire à l’un de ses personnages cette phrase étonnante : « Oui, si Dieu avait accepté réellement de se faire homme, de se faire puceron avec les pucerons que nous sommes, oui, s’il avait fait ça, Dieu, alors nous n’aurions pas assez de toute notre vie pour lui témoigner notre reconnaissance ».

Oui, Noël signe l’amour infini de Dieu pour nous. Le créateur du monde endosse notre chair. L’éternel entre dans notre histoire. Dieu est à notre merci.

Mgr Dominique Rey

Source : www.diocese-frejus-toulon.com